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lundi 13 mai 2013

Se serrer la ceinture ou creuser les déficits ?


Eberhardt Unger
Depuis plusieurs années, la querelle fait rage entre partisans d'une stricte politique d'austérité (réduction de la dette publique) et défenseurs d'une relance de l'économie au moyen d'un nouvel endettement (deficit spending). Lors de la conclusion du pacte fiscal, en décembre 2011, presque tous les pays de l'UE27 se sont engagés à équilibrer leur budget sur le long terme.
Cependant, les mesures d'assainissement décidées sont sans cesse repoussées à plus tard. L'"austérité" est devenue le mot qui fâche et conduit à des tensions entre d'une part la France et l'Europe du Sud et, d'autre part, l'Allemagne.
La gravité de la situation se reflète dans le taux de chômage (source : Eurostat). Le taux de chômage moyen est à un niveau record dans la zone euro (ZE17) à 12,1% et atteint 10,9% en Union européenne (UE27). L'Autriche (4,7%), l'Allemagne (5,4%), le Luxembourg (5,7%) ont enregistré les taux de chômage les plus bas. Avec 11%, la France se situe dans le milieu du tableau. Les plus hauts niveaux sont en Grèce (27,2%), en Espagne (26,7%) et au Portugal (17,5%). Le plus dramatique est le chômage des jeunes (moins de 25 ans) : Allemagne 7,6%, France 26,5%, Italie 38,4%, Espagne 57,2%, Grèce 59,1%.

C'est une génération entière qui se voit dépossédée de son avenir. Les tensions sociales sont inévitables. Dans cette situation, le recours au gouvernement et à l'action politique est compréhensible et encourage nombre d'hommes politiques, qui lorgnent sur les prochaines élections, à voter pour un peu moins d'austérité en repoussant à plus tard les mesures prises en vue de l'assainissement des finances publiques.
L'idée que le désastre actuel est dû au recours exagéré au crédit est occultée. On préfère souligner le niveau historiquement haut des marchés tant obligataires que boursiers qui ne peuvent qu'augurer d'un avenir radieux. Mais, en même temps la BCE a abaissé son taux d'intérêt directeur de 0,75% à 0,5% pour stimuler la croissance. Comprenne qui pourra !
Conclusion : la crise économique et financière a été mal gérée. Les réformes décidées sont restées lettre morte voire même annulées. Chacun regardant aux prochaines élections, les mesures impopulaires ont été évitées. Il est plus facile de faire encore un petit peu plus de dettes et de déplacer le remboursement sur les prochaines générations. Finalement, la gestion de la crise n'a consisté qu'à "acheter" du temps. Une nouvelle crise est inévitable.
Dr. Eberhardt Unger est un économiste indépendant, fort de plus de 30 ans d'expérience des marchés et de l'économie. Vous pouvez retrouver ses analyses sur le site www.fairesearch.de

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