Thibaut Gemignani est le directeur général du site d’emploi Keljob. Il nous livre son analyse sur le marché de l’emploi et notamment sur ces secteurs qui continuent de recruter malgré le contexte actuel*.
Pouvez-vous nous présenter le site Keljob ?
C’est un site qui a été créé en 2000, il a donc bientôt 13 ans. Il est généraliste et s’adresse à tous types de publics et de postes. La promesse est de trouver le job de ses rêves, quel que soit l’endroit où l’on se trouve. Ce sont à peu près 25 000 offres qui sont proposées en permanence sur le site.
Le nombre de chômeurs est actuellement au plus haut. Ressentez-vous ces difficultés au niveau des offres proposées, ou sont-elles aussi nombreuses qu’avant ?
Il y a dix ans, nous avons lancé le baromètre Keljob. Tous les mois, nous donnons la tendance des offres d’emploi diffusées sur Internet et il ne s’agit pas uniquement de celles de notre site (80 sont référencés, ndlr). Il nous indique ainsi l’évolution du marché. En 2012, le baromètre était à - 15 % par rapport à 2011 qui était une belle année, comme 2010. En janvier 2013, nous étions encore à - 14 %, et en février à - 3 %. Globalement, nous sommes quand même sur une tendance baissière, même si nous ne sommes pas encore revenus au niveau de 2009 qui était une année très dure.
À mon avis, nous risquons d’avoir un premier semestre autour des - 10 %. En France, l’emploi est très lié à la croissance. Il y a quelques années, on disait qu’il fallait 2 % de croissance pour qu’il y ait vraiment de la création d’emplois. Ces dernières années, on y arrive même avec 1,5 %. En revanche, quand il n’y a pas de croissance (comme cela a été le cas en 2012 et cela risque de l’être en 2013), cela peut aller jusqu’à la destruction d’emplois. Le chiffre est tombé récemment, 100 000 emplois ont été détruits en 2012.
Quelles sont les perspectives pour 2013 ?
Je n’ai pas de boule de cristal. À ce jour, c’est compliqué de voir un rebondissement. La baisse ne sera peut-être pas aussi forte qu’en 2012. Si elle devait l’être, on retomberait au niveau de 2009. Ce qui n’est pas très réjouissant. Bien sûr, le chômage augmente puisqu’il n’y a pas eu de croissance l’année dernière mais des destructions d’emplois et que cela s’est greffé à un phénomène particulier, celui de départs à la retraite moins importants que prévus. 580 000 personnes sont parties à la retraite en 2012. Elles devraient être 720 000 en 2013. On en parle rarement, mais cela a évidemment un impact sur la population active. C’est un point important. En outre, il y a deux moteurs sur le marché de l’emploi : la croissance mais aussi, la mobilité, le turn-over, même si cela concerne beaucoup les cadres.
Et le paradoxe, c’est que quand on parle d’emploi en France, on parle de chômage. C’est compliqué d’expliquer qu’il y a tout de même des secteurs qui recrutent, des métiers où il y a des pénuries. Mais les bonnes nouvelles sur le front de l’emploi sont rarement évoquées dans les journaux grands publics, sauf quand Airbus décroche des contrats, mais heureusement, il n’y a pas que Airbus qui recrute !
Dans tout cela, il faut savoir si l’on veut voir la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine. Si on est à - 15 %, c’est qu’il y a encore 85 % de postes qui sont toujours là. Tout ne s’est pas évaporé, heureusement.
Passons donc aux bonnes nouvelles. Quelles sont-elles ?
Malgré la crise, nous allons continuer à nous nourrir, à nous habiller et à nous soigner. Si vous prenez tout ce qui est commerce et distribution, tout ce qui est hôtellerie-restauration, et enfin tout ce qui touche à la santé et aux services à la personne, vous avez derrière des secteurs qui recrutent. Dans le commerce et la distribution, il y a à peu près 50 000 postes qui vont faire l’objet d’embauches, avec des entreprises qui ont des projets d’ouvertures. Il s’agit moins des hypermarchés et supermarchés que des enseignes spécialisées comme Leroy Merlin, Bricoman, Saint-Maclou, etc. À chaque fois qu’il y a des crises, on voit ces enseignes devenir un peu des valeurs refuges parce que l’on sait qu’elles continuent à recruter quoi qu’il arrive. C’est parfois lié au turn-over, mais c’est aussi parce que cela permet d’avoir des perspectives d’embauche mais aussi d’évolution. C’est également le cas de l’hôtellerie-restauration. Environ 60 000 postes vont faire l’objet de recrutements, avec des employeurs emblématiques comme McDonald’s. C’est l’un des premiers recruteurs de France. Certes, il y a du turn-over, mais aussi de belles évolutions pour des gens qui vont pouvoir apprendre un métier, et pourquoi pas manager et finir directeurs de restaurant.
De la même façon, cela fait des années que l’on dit que l’on manque d’infirmières, de personnes pour s’occuper à la fois de la petite enfance et du grand âge… c’est toujours une réalité.
Il s’agit là de secteurs que l’on sait traditionnellement en pénurie ? Y en a-t-il d’autres ?
Il y a des secteurs pour lesquels cela peut paraître paradoxal pour le grand public, comme la banque qui continue à recruter. On a parlé de la crise financière, des difficultés de ce qu’on appelle la banque d’investissement, mais ce n’est pas le cas de la banque de détail. Elle continue de recruter des chargés d’affaires, des chargés de clientèle.
Le deuxième paradoxe, c’est l’industrie. On entend tellement parler de fermetures d’usines que cela masque la réalité d’un secteur industriel qui est très vaste. Même si des usines ferment, même si l’industrie nucléaire souffre plus, l’industrie pétrolière, toute l’énergie, recrute énormément. EDF a annoncé 6 000 postes en 2013. L’aéronautique est également en pleine forme (EADS, Safran…). Quand vous regardez d’un peu plus près, vous vous rendez compte qu’il y a de vraies possibilités. Derrière les fermetures d’usines, il y a des secteurs qui embauchent et qui ont des perspectives d’évolution à proposer aux candidats.
De la même façon, il y a tout le secteur des transports qui recrute, comme à la SNCF ou à la RATP, avec tous types de postes. Il s’agit aussi bien d’ingénieurs chefs de projets, que de conducteurs, d’agents de sécurité, de contrôleurs, de personnels de bureaux… c’est très large.
Il y a évidemment l’informatique et les nouvelles technologies, même si les chiffres sont un peu moins importants qu’il y a 2 ou 3 ans. Et cela a aussi un impact sur le marketing, avec des nouveaux métiers qui se développent comme community manager.
Et puis il ne faut pas oublier la fonction publique, malgré les non remplacements. Il devrait y avoir quand même en 2013 à peu près 50 000 postes. En revanche, cela se fera moins au niveau des collectivités locales.
Il faut aussi citer le BTP, même s’il souffre plus. Des groupes comme Vinci ou Bouygues vont encore recruter entre 4 000 et 5 000 personnes en 2013.
On met souvent en parallèle les quelque 3 ou 4 millions de chômeurs et les emplois non pourvus. Est-ce quelque chose que vous constatez aussi ?
On voit bien qu’il y a souvent une inadéquation entre l’offre et la demande, pour une question de formation. Mais il y a aussi des métiers qui n’attirent pas. En restauration, malgré les émissions comme Top Chef qui font que les gens regardent peut-être la cuisine différemment, cela ne change pas tout. Il faut savoir que même dans un trois étoiles au Michelin, vous commencez à la plonge ou à éplucher les pommes de terre. C’est cela la réalité. De la même façon, s’occuper de personnes âgées en maison de retraite est un métier dur.
Mais il y a des tentatives pour promouvoir certains secteurs. La Fédération du commerce inter-entreprises (des entreprises qui proposent des services à d’autres entreprises) par exemple a lancé un site emploi, pour que les gens comprennent de quoi il s’agit. C’est un secteur qui prévoit de recruter 50 000 personnes en 2013.
L’autre paradoxe, c’est qu’il y a des entreprises qui continuent à recruter autant qu’avant, mais qui ont moins de moyens pour le faire. Car souvent les directions générales pensent que face aux 3 millions de chômeurs, elles n’ont pas besoin de communiquer. Alors que c’est excellent pour elles, aussi bien pour leurs recrutements que pour leur image.
De manière générique, que faut-il mettre en avant en ce moment pour séduire les recruteurs ?
Ce qui est très important, et c’est une règle qui existait il y a dix ans et qui existera encore dans dix ans, c’est de bien lire les offres d’emploi. Cela a l’air idiot et cela nous ramène un peu à l’école, quand les professeurs nous disaient : “Vous êtes hors sujet, lisez l’intitulé !” C’est la même chose, une offre d’emploi est plus ou moins longue, il y a entre 1 000 et 2 000 caractères. Il faut bien lire le descriptif du poste. Puis voir si l’offre vous correspond. À partir du moment où vous êtes dans le profil, il faut faire en sorte que dans votre lettre de motivation (classique ou en version allégée dans le message d’accompagnement du CV), ce que vous allez proposer au recruteur fasse tilt.
Le piège n’est-il pas que cela soit trop voyant ?
Bien évidemment, il ne faut pas recopier l’offre. Même lorsque les choses vont assez vite, le recruteur, généralement, ne sait plus lui-même ce qu’il a indiqué. Et si vous, en tant que candidat (sans pour autant passer pas des copier-coller fâcheux), vous reprenez des éléments qui vont faire qu’inconsciemment il retrouvera des choses, vous ferez beaucoup plus facilement mouche que si vous racontez une autre histoire. Cela marche !
Combien y a-t-il de collaborateurs chez Keljob et quelles sont les perspectives de recrutement ?
Il y a 400 collaborateurs dans la société mère. Nous faisons partie des entreprises où dans un marché difficile, en décroissance, nous n’allons pas spécialement créer de l’emploi en 2013. En revanche, comme nous sommes une boîte Internet, il y a du turn-over. Il s’agit de commerciaux, et parfois de postes au niveau marketing et dans les métiers informatiques, pour lesquels les compétences sont rares. Notamment dans un contexte de surenchère technologique forte.
Comment faites-vous pour fidéliser les salariés ?
Nous avons mis en place un Baromètre social en interne qui nous permet tous les deux ans de prendre le poult des collaborateurs. Et derrière, de mettre en place des plans d’action pour mieux les fidéliser, mieux communiquer.
Nous sommes dans une entreprise Internet, avec un management très participatif. Il faut être pédagogue. En ce qui concerne les équipes IT, il faut les fidéliser par rapport à des méthodes et les embarquer dans un projet. Quand ce dernier est bouclé, il faut tout de suite raconter l’histoire d’après pour les fidéliser.
Les commerciaux eux vont s’intéresser davantage à l’histoire de l’entreprise, à ses valeurs. Notre raison d’être est d’aider les gens à trouver un emploi, ce n’est pas anodin ! Comme je le dis toujours aux personnes qui nous rejoignent : “Derrière le site, n’oubliez jamais qu’il y a des candidats !” On doit avoir cela en tête.
*Interview publiée dans le magazine Rebondir d'avril 2013. Propos recueillis par Aline Gérard
http://www.courriercadres.com/dossier/keljob-il-y-a-des-secteurs-qui-recrutent-et-des-metiers-toujours-en-penurie
Pouvez-vous nous présenter le site Keljob ?
C’est un site qui a été créé en 2000, il a donc bientôt 13 ans. Il est généraliste et s’adresse à tous types de publics et de postes. La promesse est de trouver le job de ses rêves, quel que soit l’endroit où l’on se trouve. Ce sont à peu près 25 000 offres qui sont proposées en permanence sur le site.
Le nombre de chômeurs est actuellement au plus haut. Ressentez-vous ces difficultés au niveau des offres proposées, ou sont-elles aussi nombreuses qu’avant ?
Il y a dix ans, nous avons lancé le baromètre Keljob. Tous les mois, nous donnons la tendance des offres d’emploi diffusées sur Internet et il ne s’agit pas uniquement de celles de notre site (80 sont référencés, ndlr). Il nous indique ainsi l’évolution du marché. En 2012, le baromètre était à - 15 % par rapport à 2011 qui était une belle année, comme 2010. En janvier 2013, nous étions encore à - 14 %, et en février à - 3 %. Globalement, nous sommes quand même sur une tendance baissière, même si nous ne sommes pas encore revenus au niveau de 2009 qui était une année très dure.
À mon avis, nous risquons d’avoir un premier semestre autour des - 10 %. En France, l’emploi est très lié à la croissance. Il y a quelques années, on disait qu’il fallait 2 % de croissance pour qu’il y ait vraiment de la création d’emplois. Ces dernières années, on y arrive même avec 1,5 %. En revanche, quand il n’y a pas de croissance (comme cela a été le cas en 2012 et cela risque de l’être en 2013), cela peut aller jusqu’à la destruction d’emplois. Le chiffre est tombé récemment, 100 000 emplois ont été détruits en 2012.
Quelles sont les perspectives pour 2013 ?
Je n’ai pas de boule de cristal. À ce jour, c’est compliqué de voir un rebondissement. La baisse ne sera peut-être pas aussi forte qu’en 2012. Si elle devait l’être, on retomberait au niveau de 2009. Ce qui n’est pas très réjouissant. Bien sûr, le chômage augmente puisqu’il n’y a pas eu de croissance l’année dernière mais des destructions d’emplois et que cela s’est greffé à un phénomène particulier, celui de départs à la retraite moins importants que prévus. 580 000 personnes sont parties à la retraite en 2012. Elles devraient être 720 000 en 2013. On en parle rarement, mais cela a évidemment un impact sur la population active. C’est un point important. En outre, il y a deux moteurs sur le marché de l’emploi : la croissance mais aussi, la mobilité, le turn-over, même si cela concerne beaucoup les cadres.
Et le paradoxe, c’est que quand on parle d’emploi en France, on parle de chômage. C’est compliqué d’expliquer qu’il y a tout de même des secteurs qui recrutent, des métiers où il y a des pénuries. Mais les bonnes nouvelles sur le front de l’emploi sont rarement évoquées dans les journaux grands publics, sauf quand Airbus décroche des contrats, mais heureusement, il n’y a pas que Airbus qui recrute !
Dans tout cela, il faut savoir si l’on veut voir la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine. Si on est à - 15 %, c’est qu’il y a encore 85 % de postes qui sont toujours là. Tout ne s’est pas évaporé, heureusement.
Passons donc aux bonnes nouvelles. Quelles sont-elles ?
Malgré la crise, nous allons continuer à nous nourrir, à nous habiller et à nous soigner. Si vous prenez tout ce qui est commerce et distribution, tout ce qui est hôtellerie-restauration, et enfin tout ce qui touche à la santé et aux services à la personne, vous avez derrière des secteurs qui recrutent. Dans le commerce et la distribution, il y a à peu près 50 000 postes qui vont faire l’objet d’embauches, avec des entreprises qui ont des projets d’ouvertures. Il s’agit moins des hypermarchés et supermarchés que des enseignes spécialisées comme Leroy Merlin, Bricoman, Saint-Maclou, etc. À chaque fois qu’il y a des crises, on voit ces enseignes devenir un peu des valeurs refuges parce que l’on sait qu’elles continuent à recruter quoi qu’il arrive. C’est parfois lié au turn-over, mais c’est aussi parce que cela permet d’avoir des perspectives d’embauche mais aussi d’évolution. C’est également le cas de l’hôtellerie-restauration. Environ 60 000 postes vont faire l’objet de recrutements, avec des employeurs emblématiques comme McDonald’s. C’est l’un des premiers recruteurs de France. Certes, il y a du turn-over, mais aussi de belles évolutions pour des gens qui vont pouvoir apprendre un métier, et pourquoi pas manager et finir directeurs de restaurant.
De la même façon, cela fait des années que l’on dit que l’on manque d’infirmières, de personnes pour s’occuper à la fois de la petite enfance et du grand âge… c’est toujours une réalité.
Il s’agit là de secteurs que l’on sait traditionnellement en pénurie ? Y en a-t-il d’autres ?
Il y a des secteurs pour lesquels cela peut paraître paradoxal pour le grand public, comme la banque qui continue à recruter. On a parlé de la crise financière, des difficultés de ce qu’on appelle la banque d’investissement, mais ce n’est pas le cas de la banque de détail. Elle continue de recruter des chargés d’affaires, des chargés de clientèle.
Le deuxième paradoxe, c’est l’industrie. On entend tellement parler de fermetures d’usines que cela masque la réalité d’un secteur industriel qui est très vaste. Même si des usines ferment, même si l’industrie nucléaire souffre plus, l’industrie pétrolière, toute l’énergie, recrute énormément. EDF a annoncé 6 000 postes en 2013. L’aéronautique est également en pleine forme (EADS, Safran…). Quand vous regardez d’un peu plus près, vous vous rendez compte qu’il y a de vraies possibilités. Derrière les fermetures d’usines, il y a des secteurs qui embauchent et qui ont des perspectives d’évolution à proposer aux candidats.
De la même façon, il y a tout le secteur des transports qui recrute, comme à la SNCF ou à la RATP, avec tous types de postes. Il s’agit aussi bien d’ingénieurs chefs de projets, que de conducteurs, d’agents de sécurité, de contrôleurs, de personnels de bureaux… c’est très large.
Il y a évidemment l’informatique et les nouvelles technologies, même si les chiffres sont un peu moins importants qu’il y a 2 ou 3 ans. Et cela a aussi un impact sur le marketing, avec des nouveaux métiers qui se développent comme community manager.
Et puis il ne faut pas oublier la fonction publique, malgré les non remplacements. Il devrait y avoir quand même en 2013 à peu près 50 000 postes. En revanche, cela se fera moins au niveau des collectivités locales.
Il faut aussi citer le BTP, même s’il souffre plus. Des groupes comme Vinci ou Bouygues vont encore recruter entre 4 000 et 5 000 personnes en 2013.
On met souvent en parallèle les quelque 3 ou 4 millions de chômeurs et les emplois non pourvus. Est-ce quelque chose que vous constatez aussi ?
On voit bien qu’il y a souvent une inadéquation entre l’offre et la demande, pour une question de formation. Mais il y a aussi des métiers qui n’attirent pas. En restauration, malgré les émissions comme Top Chef qui font que les gens regardent peut-être la cuisine différemment, cela ne change pas tout. Il faut savoir que même dans un trois étoiles au Michelin, vous commencez à la plonge ou à éplucher les pommes de terre. C’est cela la réalité. De la même façon, s’occuper de personnes âgées en maison de retraite est un métier dur.
Mais il y a des tentatives pour promouvoir certains secteurs. La Fédération du commerce inter-entreprises (des entreprises qui proposent des services à d’autres entreprises) par exemple a lancé un site emploi, pour que les gens comprennent de quoi il s’agit. C’est un secteur qui prévoit de recruter 50 000 personnes en 2013.
L’autre paradoxe, c’est qu’il y a des entreprises qui continuent à recruter autant qu’avant, mais qui ont moins de moyens pour le faire. Car souvent les directions générales pensent que face aux 3 millions de chômeurs, elles n’ont pas besoin de communiquer. Alors que c’est excellent pour elles, aussi bien pour leurs recrutements que pour leur image.
De manière générique, que faut-il mettre en avant en ce moment pour séduire les recruteurs ?
Ce qui est très important, et c’est une règle qui existait il y a dix ans et qui existera encore dans dix ans, c’est de bien lire les offres d’emploi. Cela a l’air idiot et cela nous ramène un peu à l’école, quand les professeurs nous disaient : “Vous êtes hors sujet, lisez l’intitulé !” C’est la même chose, une offre d’emploi est plus ou moins longue, il y a entre 1 000 et 2 000 caractères. Il faut bien lire le descriptif du poste. Puis voir si l’offre vous correspond. À partir du moment où vous êtes dans le profil, il faut faire en sorte que dans votre lettre de motivation (classique ou en version allégée dans le message d’accompagnement du CV), ce que vous allez proposer au recruteur fasse tilt.
Le piège n’est-il pas que cela soit trop voyant ?
Bien évidemment, il ne faut pas recopier l’offre. Même lorsque les choses vont assez vite, le recruteur, généralement, ne sait plus lui-même ce qu’il a indiqué. Et si vous, en tant que candidat (sans pour autant passer pas des copier-coller fâcheux), vous reprenez des éléments qui vont faire qu’inconsciemment il retrouvera des choses, vous ferez beaucoup plus facilement mouche que si vous racontez une autre histoire. Cela marche !
Combien y a-t-il de collaborateurs chez Keljob et quelles sont les perspectives de recrutement ?
Il y a 400 collaborateurs dans la société mère. Nous faisons partie des entreprises où dans un marché difficile, en décroissance, nous n’allons pas spécialement créer de l’emploi en 2013. En revanche, comme nous sommes une boîte Internet, il y a du turn-over. Il s’agit de commerciaux, et parfois de postes au niveau marketing et dans les métiers informatiques, pour lesquels les compétences sont rares. Notamment dans un contexte de surenchère technologique forte.
Comment faites-vous pour fidéliser les salariés ?
Nous avons mis en place un Baromètre social en interne qui nous permet tous les deux ans de prendre le poult des collaborateurs. Et derrière, de mettre en place des plans d’action pour mieux les fidéliser, mieux communiquer.
Nous sommes dans une entreprise Internet, avec un management très participatif. Il faut être pédagogue. En ce qui concerne les équipes IT, il faut les fidéliser par rapport à des méthodes et les embarquer dans un projet. Quand ce dernier est bouclé, il faut tout de suite raconter l’histoire d’après pour les fidéliser.
Les commerciaux eux vont s’intéresser davantage à l’histoire de l’entreprise, à ses valeurs. Notre raison d’être est d’aider les gens à trouver un emploi, ce n’est pas anodin ! Comme je le dis toujours aux personnes qui nous rejoignent : “Derrière le site, n’oubliez jamais qu’il y a des candidats !” On doit avoir cela en tête.
*Interview publiée dans le magazine Rebondir d'avril 2013. Propos recueillis par Aline Gérard
http://www.courriercadres.com/dossier/keljob-il-y-a-des-secteurs-qui-recrutent-et-des-metiers-toujours-en-penurie
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