Souvent insatisfaits
de leur travail, les salariés français sont aussi les plus stressés au monde.
Des tensions dues, révèle une étude de l'Institut Montaigne, au fait de ne pas
pouvoir changer d'environnement professionnel lorsque les relations se
dégradent. Solution préconisée : les encourager à la "mobilité
choisie", à ne pas passer par la rupture conventionnelle, mais à partir volontairement.
Le constat
est net : à conditions de travail équivalentes, les salariés français s'avèrent
davantage stressés que leurs
homologues européens.
Plus de 70 % des salariés stressés
L'étude de l'Institut Montaigne
révèle que "plus de 70 % des salariés en France estiment que le stress au
travail a des conséquences sur leur santé". Cela vaut pour tous les
salariés, quel que soit leur âge, qu'ils soient employés en CDI ou en CDD.
"Cette situation montre le paradoxe d'un modèle français en apparence
favorable aux salariés", souligne l'étude. En effet, les salariés français
travaillent moins fréquemment le week-end et les cadences de travail sont moins
élevées que celles de leurs homologues européens. Surtout, "un peu plus de
25 % des salariés français n'ont jamais changé d'employeur alors que cette
proportion est de moins de 10 % au Royaume-Uni ou dans les pays scandinaves. Il
en découle un fort sentiment d'appartenance à l'entreprise, et ce quelle que
soit la taille de l'entreprise".
Rôle clé des mobilités professionnelles
Une
explication possible de ce stress résulte du fait que "dans un certain
nombre de cas minoritaires, mais non négligeables en proportion, les salariés
estiment subir des pressions afin qu'ils partent".
La mobilité est donc subie plutôt que choisie. "Le fait de ne pas pouvoir
changer d'environnement professionnel lorsque les relations se dégradent
conduit mécaniquement à du stress et des tensions". Pour y remédier,
l'étude propose d'"inciter les salariés à ne pas passer par la rupture conventionnelle,
mais à partir volontairement, en finançant
dans ce cas partiellement les éventuelles pertes de salaires subies lors d'une
nouvelle carrière professionnelle". Et "quand ce dispositif de
complément salarial n'est pas utilisé (...), améliorer le système de la rupture
conventionnelle à travers un système de bonus-malus pour les employeurs qui y
ont recours".
Une formation professionnelle rénovée
Mais,
"il est aussi souhaitable d'accompagner les salariés grâce à d'autres
leviers", souligne l'étude. "Cela ne peut se faire qu'avec une
préparation en amont de cette mobilité. Faute de formation adaptée, les
salariés ne peuvent pas prétendre à d'autres emplois et se retrouvent devoir
subir leur environnement". L'étude propose de "diminuer le montant de
cotisation obligatoire quand les entreprises forment
un plus grand nombre de salariés, notamment ceux qui sont les plus susceptibles
de passer par la case chômage (intérimaires, précaires, moins qualifiés). Mais
aussi, d'offrir aux salariés davantage de formations portables d'un
secteur à l'autre et certifiante. Par "portables", on entend les
formations pouvant être valorisées d'un secteur à l'autre, par leur contenu (connaissances
dites générales telles que l'anglais, la gestion-comptabilité, le
management...) et par leur certification et leur caractère diplômant".
Des droits pour les salariés basés sur l'ancienneté
dans la carrière
Dans le
système actuel, les droits acquis par les salariés résultent de leur ancienneté dans l'emploi.
L'étude suggère de mettre en place pour les salariés "des droits acquis à
l'ancienneté dans la carrière". Les salariés devraient pouvoir, "à
partir d'un certain temps de carrière professionnelle", plus facilement
prendre un congé formation ou de reconversion. Et "en matière d'assurance chômage,
les droits seraient ouverts non pas à partir des salaires des 12 derniers mois
comme dans le cas de l'allocation de retour à l'emploi, mais sur les
cotisations versées depuis le début de la carrière, comptabilisées en même
temps que les droits à la retraite".
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire
Votre avis nous intéresse !