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dimanche 20 mai 2018

Emploi. Les jeunes diplômés galèrent à trouver un premier travail



Trouver son premier travail, quel boulot ! Du jour au lendemain, le jeune diplômé français se retrouve immergé dans l'univers de la recherche d'emploi, et c'est brutal. « L'insertion est une épreuve sociale », analyse le sociologue Romain Délès.
Peu préparés à la recherche d'emploi, de jeunes diplômés galèrent pour s'insérer dans la vie professionnelle. Dans son livre Quand on «que» le diplôme, résultat d’une enquête sociologique auprès des diplômés de l’enseignement supérieur à la recherche de leur premier emploi, le sociologue Romain Délès analyse cette nouvelle épreuve douloureuse. Entretien.
Pourquoi la période entre la fin des études et le premier travail est-elle compliquée ?
Le diplôme en poche, les étudiants, longtemps protégés des questionnements sur leur avenir professionnel, sont plongés dans l’univers de la recherche d’emploi. Contrairement à d’autres pays européens où des années de transition sont valorisées, en France, le passage se fait du jour au lendemain. Comme beaucoup de cursus sont déconnectés de l’emploi, le saut dans le vide est brutal.
C’est dur de se retrouver seul…
Les études favorisent les modes communautaires. Le savoir arrive à volonté et, si on bosse bien, on réussit ses examens, on a un statut social. C’est une mécanique bien huilée… Quand arrive la quête d’un emploi, tout ce que l’on a été comme étudiant disparaît. On perd parfois l’autonomie gagnée loin de ses parents chez qui il faut revenir faute de revenus, on envoie des tonnes de CV, passe des heures à scruter les offres sur Internet et… rien ne se passe. C’est difficile de convertir son savoir aux attentes du monde professionnel.
L’insertion est-elle une nouvelle épreuve ?
Oui, une épreuve sociale. Réaliser que ce qu’on a appris pendant des années ne sert pas tout de suite, c’est douloureux. Les représentations sociales ont la vie dure. Comme l’idée d’un travail correspondant forcément à ses études dans la foulée du diplôme. Pourtant, beaucoup de parcours montrent que tâtonner, trouver des boulots alimentaires n’est pas une aberration. C’est la logique de l’expérimentation.
Dur, dur aussi de se vendre ?
L’étudiant est souvent en position d’attente du savoir qui vient d’en haut. Pour décrocher du travail, c’est lui qui doit aller vers les autres et sortir d’une certaine docilité scolaire qui indique comment faire. Se vendre est peu enseigné, surtout dans les cursus généralistes. Pourtant, c’est la débrouillardise, la multiplication des rencontres, les opportunités à créer et à saisir qui font la différence. C’est une nouvelle forme d’énergie à comprendre et à déployer.
Recueilli par Valérie PARLAN.

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