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dimanche 6 mai 2018

Jeunes diplômés : les nouveaux modes de recrutement se multiplient



Dans le cadre très chic d'un salon parisien du quartier de l'Opéra, les invités échangent un verre de champagne à la main. Rien à voir avec un salon de recrutement classique, et pourtant les convives sont bien des recruteurs du secteur finance et des jeunes diplômés en quête d'un emploi ou d'un stage. 

Les candidats ont été présélectionnés par Dogfinance, premier réseau social professionnel spécialisé en banque, assurance, finance et IT finance qui a lancé en 2015 ce concept de soirée intitulé Dogfinance Connect

L'objectif est de permettre à chacun de "networker" dans un cadre moins formel qu'en entretien classique."C'est une façon novatrice de recruter. Cela permet d'aborder les candidats d'une autre manière, dans un cadre privé et une ambiance conviviale, et cela change le rapport qu'on peut avoir eux", observe Lucille Chaillon, responsable développement RH à la Bred.

Plus de CV ni de lettre de motivation, mais une application mobile

"Cela casse un peu les barrières entre recruteurs et candidats, apprécie Augustin, candidat invité à l'une de ces soirées. Ici, les recruteurs viennent vers nous ! Alors qu'on a plutôt l'habitude d'envoyer les CV et d'attendre les réponses"... 

Lors de ces soirées - les prochaines ont lieu le 29 novembre et le 6 décembre 2016 sur des thèmes différents" - les candidats n'ont en effet plus besoin de tendre de CV ou de lettre de motivation. Les recruteurs peuvent récupérer toutes ces informations en ligne grâce à l'application mobile Dogfinance Connect. Certains gardent d'ailleurs leur tablette en main toute la soirée. 

"Aujourd’hui, les règles du recrutement changent via l'arrivée des nouvelles technologies", expliquent les organisateurs.

Les startups au secours du recrutement

De fait, les startups du numérique multiplient les lancements d'applications mobiles ou de nouvelles plateformes dédiées au recrutement, comme le soulignait la conférence sur "Les nouveaux modes de recrutement" organisée le 24 novembre à l'IPSA à Paris. 

La preuve ? Une association qui veut promouvoir toutes ces innovations, Le lab RH, rassemble désormais 330 startups (avec la bonne idée de les faire coopérer pour le bien commun) ! Parmi elles, une centaine se positionnent sur le marché du recrutement. 

"Aujourd'hui, le  monde bouge de plus en plus vite, les entreprises doivent s'adapter à un monde de plus en plus mouvant, et c'est la même chose pour les étudiants", explique Juliette Palmer, responsable projets du Lab RH. Moralité : les entreprises ne peuvent plus recruter comme avant et cela tombe bien car les candidats n'ont pas non plus les mêmes attentes.

La vague du recrutement sur mobile

La multiplication des applications mobiles de recrutement est une tendance lourde prenant en compte les nouveaux usages où tout doit être fait depuis un smartphone. 

Ainsi, Pierre Hervé a fondé Kudoz, application 100% mobile qui met en relation les étudiants et les jeunes diplômés avec les recruteurs. 

Deux autres jeunes ingénieurs, Mathieu Marziou et Franck Lapalus Magnan ont lancé Bonanza, encore une application mobile de matching entre candidats et entreprises. L'idée ? Permettre aux étudiants de postuler en quelques secondes depuis une terrasse. Le CV du candidat est immédiatement disponible via un QR-CODE que le recruteur n'a plus qu'à scanner.

Des cabinets de recrutement 2.0

D'autres jeunes entreprises ont totalement renouvelé le modèle classique du cabinet de recrutement grâce aux outils multimédia et numériques. Ainsi Jobteaser.com, startup de la French Tech créée en 2008 qui connait une expansion spectaculaire. 

L'objectif est toujours d'aider les (grandes) entreprises clientes à "chasser" les meilleurs étudiants dès leur sortie de l'école. Pour cela, le site leur propose de développer leur marque employeur avec des vidéos métiers, un espace pour se présenter, la diffusion d'offres d'emplois et de stages, et l'organisation de tchat à destination des étudiants et diplômés. Le tout en ligne sur la plateforme Jobteaser... que des dizaines de grandes écoles ont intégrée dans leur intranet. 

C'est là tout l'intérêt du système : les écoles offrent à leurs étudiants "le Career Center by JobTeaser" au titre de la mise en relation avec les entreprises. Près de 160 écoles sont déjà "équipées", dont Polytechnique, l'ESSEC, l'EDHEC, HEC ou Dauphine et  500 (grandes) entreprises ont adopté l'outil pour toucher leurs candidats cibles. 

Une impressionnante "machine de guerre" qui a levé 3 millions d'euros en 2015 et prévoit un développement à l'international.

Des recrutements affinitaires basés sur la personnalité

C'est que dans ce monde mouvant, même les grandes entreprises doivent trouver de nouveaux moyens d'approche des candidats. "Elles sont passées de la sélection à la séduction, explique Juliette Palmer du Lab RH. Autrefois tous les jeunes diplômés voulaient rentrer dans les grands groupes pour faire de belles carrières. Aujourd'hui, ils sont en quête de sens et ne vont pas forcément s'orienter vers ces entreprises". 

Le recrutement ne peut donc plus s'appuyer uniquement sur les diplômes et les compétences, il doit intégrer la personnalité des candidats qui, eux, se demandent s'ils seront "heureux" dans leur job. 

Alors des startups comme Monkey Tie proposent aux candidats des tests de personnalité et les prennent en compte pour les "matcher" avec les entreprises et les jobs qui leur correspondent : voici l'ère du recrutement "affinitaire".

CV vidéo et CV originaux

Ce renouveau souffle bien sûr sur le marché du CV. Pour mieux mettre en avant sa personnalité et sortir du lot, les candidats peuvent recourir à des plateformes comme MyCVFActory créée en 2014, qui propose des outils de création de CV originaux et graphiques. 

En phase avec l'innovation technologique et le recrutement affinitaire, le CV vidéo fait aussi une belle percée. Des sites comme Easyrecrue, Interview App ou Visio Talent ne proposent pas seulement aux candidats de réaliser leur vidéo de présentation depuis leur webcam : ils les transmettent aussi aux recruteurs qui utilisent ce média pour pré-sélectionner les candidats.

Le Big Data et le recrutement prédictif

Enfin, les modes de recrutement n'échappent pas non plus aux promesses du Big Data. Ainsi la société AssessFirst propose du recrutement prédictif : les entreprises repèrent les profils et les qualités des salariés les plus performants sur leur poste et ces critères de personnalité sont pris en compte pour recruter, grâce à des algorithmes ! 

En France, le dernier-né des sites de recrutement veut mettre la puissance du Big Data au service des chômeurs : fondé par Paul Duan, 24 ans, diplômé de Science Po et de Berkeley (USA), bob-emploi.fr  propose  au chercheur d'emploi de répondre à quantité de questions qui permettent de cerner son profil : âge, sexe, diplôme, emploi recherché, formations envisagées, démarches réalisées... Puis il lui soumet des offres d'emploi mais il le guide aussi vers des démarches à réaliser, des sites à visiter, des outils, des rencontres... un peu comme le ferait un coach. 

C'est d'ailleurs l'ambition de bob-emploi : devenir le super-assistant personnel du chômeur et le guider jusqu'à l'emploi. Il est soutenu par Pôle-Emploi qui lui a fourni quantité de données et suscite bien des espérances puisqu'il prétend pouvoir faire baisser le taux de chômage en France de 10%. Chiche ?

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