Quel secteur d’activité a contribué, en c
es temps de morosité économique,
à la création de 794 000 emplois de façon directe ou indirecte en cinq
ans dans l’Union européenne (UE) ? Celui des applications pour
smartphones et tablettes tactiles, d
’après l’Association for Competitive Technology (ACT),
un lobby américain de développeurs de ces petits logiciels qu’on peut
télécharger sur son téléphone. L'organisation a présenté mercredi 4
septembre, à Bruxelles,
l’une des premières études,
réalisée par les cabinets Vision Mobile et Plum Consulting, à évaluer
l’impact économique dans l’UE de ce secteur depuis la création des
premiers “App stores” en 2008.
Dans le détail, cette jeune industrie, qui a réalisé un chiffre
d’affaires de 10,2 milliards d’euros en 2012 dans l’Union européenne, a
permis la création de 529 000 emplois directs (développeurs, marketing,
graphistes) et de 265 000 emplois indirects dans d’autres branches comme
les médias, l’éducation ou la santé. “C’est une sacrée performance pour
un secteur qui n’existait même pas il y a encore quelques années”, a
commenté Neelie Kros, vice-présidente de la Commission européenne et responsable de l’agenda digital de l’UE.
Et les auteurs de ce rapport prédisent encore quelques lendemains qui
chantent. “Nous pensons que ce secteur va croître d’environ 10% encore
pendant deux ou trois ans avec le développement de nouvelles
technologies telles que la 4G et des appareils de plus en plus
perfectionnés”, prévoit
Brian Williamson, l’un des co-auteurs de l’enquête et associé à Plum Consulting, contacté par FRANCE 24.
22% du marché mondial
Certes, l’ACT a tout intérêt à peindre en rose la situation de cette
industrie. “C’est vrai que 800 000 emplois, cela peut paraître beaucoup,
surtout si on le compare aux 600 000 que le secteur a contribué à créer
aux États-Unis, qui restent tout de même le pays en pointe dans ce
domaine”, reconnaît à FRANCE 24 John Breslin, responsable du projet
européen
Eurapp qui
étudie pour le compte de l’UE l’économie des applications pour mobiles.
Ainsi, avec 22% de la production mondiale d’applications pour
smartphones, l’Europe est loin derrière les États-Unis (42%), tout en
devançant encore l’Asie (18%).
Pour autant, ce spécialiste juge l’impact en terme d’emplois
“réaliste”. “Si on compare les populations [500 millions en Europe et
314 millions aux États-Unis, NDLR], et en se fondant sur ce que nous
avons pu observer jusqu’à présent, ces estimations me semblent
sérieuses”, souligne le responsable d’Eurapp qui doit sortir
prochainement sa propre étude sur la question. Il souligne, en outre,
que certaines des plus belles success-stories du secteur, notamment dans
le jeu vidéo pour smartphones, telles que le Finlandais Rovio et ses
"Angry Birds" ou le Français Gameloft, viennent du Vieux Continent.
Reste que les auteurs du rapport appellent à ne pas s’en tenir aux
acquis. Certes, le syndrome Nokia, le géant déchu des télécoms qui après
cinq ans de descente aux enfers économiques
vient d’être racheté par Microsoft,
ne menace pas pour l’heure ce secteur. Mais au vu de la vitesse à
laquelle les technologies évoluent, l’étude demande à Bruxelles de
prendre les devants pour éviter un décrochage avec les États-Unis ou de
se faire rattraper par l’Asie. “La priorité devrait être d’étudier les
réglementations secteur par secteur dans chaque pays pour les adapter à
l’ère de la mobilité”, affirme Brian Williamson. Ainsi des incitations
pour utiliser des applications pour smartphones dans le domaine de
l’éducation ou de la santé pourraient favoriser les créations
d’entreprises. Une plus grande flexibilité du marché du travail
permettrait également à des start-up de se développer plus facilement.
“Aujourd’hui, une jeune entreprise va hésiter à embaucher car en cas de
difficultés financières elle aurait du mal à licencier des salariés”,
souligne Brian Williamson.
John Breslin, de son côté, identifie d’autres priorités. “Les chefs
d’entreprise que nous avons interrogés se plaignent surtout d’avoir du
mal à trouver des fonds ou certains profils techniques à recruter”,
souligne-t-il. Pour lui, il faudrait donc avant tout inciter les
investisseurs et les banques à prêter davantage à ces jeunes entreprises
et développer des formations mieux adaptées au marché.
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