Sénégal, ville de Louga, : depuis 2 mois, 12 jeunes de l’est du Val d’Oise y ont monté une unité de production
de conditionnement de produits alimentaires, et formé les acteurs locaux à son utilisation. Sur leur carnet de
bord d’avril, on peut lire : mise en place de commissions étude de marché, gestion, commercialisation… « Ces
jeunes (10 garçons, 2 filles), sont accompagnés par la mission locale. Leur action s’inscrit dans le programme
TRACE, dont l’objectif est d’accueillir des jeunes de 16 à 25 ans en très grande difficulté, avec une visée d’emploi
au bout de 18 mois », explique Amaria Sékouri, directrice de la mission locale. Loin d’une simple action
humanitaire, " Agir et apprendre à l’international " est
l’aboutissement d’un projet initié par la commission
emploi, l’une des instances créées dans le cadre de TRACE.
Motivation, mobilisation, ténacité
Cette commission, composée notamment des directeurs des agences pour l’emploi, d’un représentant du comité
de bassin d’emploi du Val d’Oise, de la mission locale, des services économiques des villes…, a été créée pour
imaginer des réponses spécifiques pour un public qui ne dispose généralement pas de projet professionnel. Au
cours des échanges, le principe d’une action à l’étranger est lancée. Agroform, organisme de formation et membre
de la commission a déjà mené une expérience au Sénégal.
L’idée intéresse mais deux conditions préalables sont définies : l’action doit répondre à un besoin identifié des
acteurs sénégalais, et surtout, s’inscrire dans une dynamique professionnelle pour les jeunes. Or, une
demande, émanant du comité des femmes de Louga,
existe : la région dispose de ressources alimentaires, mais
aucune installation ne permet de conditionner les surplus
pour prévenir la disette. Commande est alors passée à
Agroform. L’organisme propose une formation pour les
jeunes sur les métiers de l’agro-alimentaire, le montage
et l’utilisation d’une unité de production. Autant de
compétences qu’ils pourront mettre en pratique à Louga.
La formule du chantier-école est retenue.
Il s’agit ensuite de formaliser le dossier et de rechercher les financements. Celui-ci est coproduit de A à Z par tous
les membres de la commission emploi. Mais l’obtention des financements est compliquée, le projet prend
beaucoup de retard. L’enthousiasme de la commission et sa ténacité vont tout de même finir par porter leurs
fruits. Le projet peut démarrer.
Un renversement des rôles
Des entreprises industrielles agro-alimentaires franciliennes sont contactées et sollicitées pour accueillir
les jeunes en stage et pour des dons de matériel, afin de monter l’unité de production. Sur les 30 jeunes
initialement sélectionnés, les 12 qui ont résisté aux aléas
du montage financier du projet vont bénéficier en février
et mars 2000 d’ateliers découverte de métiers, de stages
en entreprises, de formation sur la prévention santé…